Je me souviens avoir volé la silhouette d’une fille sur la plage, un dimanche au Lagon. Elle était venue parler longuement, comme si le fait de dessiner son ombre sur ce monde impliquait d'en faire aussi une histoire. Une vie en tropique, sur une île que d’aucuns imaginent paradisiaque et qu’elle rêvait de quitter. La nuit s’était doucement allongée sur la plage en lieu et place des baigneurs. Nous avions pris le temps de regarder le soleil disparaitre dans l’océan indien avant de nous séparer comme si nous nous connaissions depuis toujours, puis de repartir chacun de notre côté de planète. Je me rappelle quelques heures d’avion plus tard avoir kidnappé les contours d’une femme à une terrasse de café à Paris. Elle téléphonait à un homme qu’elle n’arrivait pas à quitter.
Elle aussi voulait partir ailleurs. Elle aussi racontait qu’elle avait un train à prendre. Ses yeux étaient d’autres possibles qu’il fallait que j’écrive avec les traits de son visage.
Ce sont ces instants qui m’intéressent, ils tendent à démontrer que nous construisons notre légende personnelle à coups de légers arrangements avec la réalité, que l’ailleurs idéal est celui que nous bâtissons, et non celui recherché.
Ce sont ces ailleurs qui ressemblent à mes silhouettes croisées, « laissées pour traces », que je veux partager.
Mars 2015 pour la revue Dissonances en 2015
En 2018 en avant propos de l'ouvrage 0pus dont vous pouvez télécharger les 60 premières pas ici
et retrouver de nombreux dessins numériques de la série.
Toutes ces traces ont été publiées sur le site www.malaxi.net
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