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Des silhouettes dans l'atelier

un bloc note des expos et d'études sur toiles 

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Des silhouettes dans l'art

Créateurs et artistes ont abordés les silhouettes dans leurs oeuvres : visite sous influences de cet univers.

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Dans ce territoire personnel se bousculent idées, dessins numériques, peintures, projets d'écriture et publications passées...

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BLOG

Dernière mise à jour : il y a 3 jours


J’ai longtemps cru que le matin ne m’aimait pas, qu’il me délaissait encore engourdit de mes rèves pour s’occuper du monde, des autres. Je n’étais pour lui, qu’une ombre claire contournant des édifices fragiles, survolant un par un, les liens qui me retenaient à des souvenirs douloureux de la veille. Je croyais le matin ennemi du peintre. À part, sans doute, du Caravage qui fut le dompteur de la lumière de l’aube. Il est l’exception dont on fait les règles. 

Aujourd’hui le matin est entré dans l’atelier comme un animal silencieux se glisse dans une maison, impatient du chant de la cafetière et de l’odeur du café. Ce matin est venu avant la froideur de la pluie tandis que je rallume le feu dans la cheminée. Une impression de déjà vu, de répétition, des dizaines de romans seront écrits pour décrire cet instant, des poèmes lus. Ce matin, alors que la maison dort encore, je suis descendu à l’atelier, ici l’alchimie des toiles blanches et de pigments odorants semble pétrifiée.

Je garderai cette aimable douleur en moi-même, j'en ferai des réserves. Alors ce matin : je vais en faire une toile…

Dernière mise à jour : il y a 2 heures




Des souvenirs diffus reviennent instantanément. Des artères qui se colmatent aux heures de pointes et des embolies citadine qui font finalement l’odieuse et belliqueuse géographie urbaine. Encore une fois on s’y bouscule, en s’engouffrant dans la bouche du métro : participer d’un charnier enchevêtré de passager dans un transport collectif à l’agonie.  Etouffer et penser à Moby-Dick* et remonter en apnée à la surface ? Sortir du ventre de la baleine pour retrouver l'air pur. Mais là en lieu et place de l'oxygène tant attendu : l'éther. A nouveau irrespirable. Des bagnoles embouteillées, des trottoirs saumâtres et des files d’attente agressives. Les gens se bousculent, les piétons se gênent comme des fruits qui se matent dans un panier à l’arrière d’une carriole. Pourtant, tout concoure à tisser une toile familière.

La ville est là, la cité aux façades sinistres, des places en chantier déroutant de suffisance, pathétiques dans leur effort de démontrer toute la complexité des éventrations successives des services discordants de la voirie. Oui, franchement, tout être doté d’un soupçon de bon sens aurait dû prendre la fuite à l’instant même et cesser ce combat inutile.. .

Extrait de Journal en Alberta

 

 

 

 

 

* Mais qui s’intéresse au fait que le personnage de Moby-Dick Le capitaine Achab se décompose physiquement, consumé par le désir de vengeance ? On ne se souvient que du combat, l’échec ou la victoire.

On raconte que Herman Melleville fut obsédé par un de ces derniers poèmes, le reprenant plusieurs fois, pour en définitive le développer et en faire une nouvelle, puis un roman. Avec des périodes d'interruption, il y consacra plusieurs années, n'arrêtant d'y travailler qu'en avril 1891 quelques mois avant sa mort.

Dernière mise à jour : 7 mai

Je me souviens avoir volé la silhouette d’une fille sur la plage, un dimanche au Lagon. Elle était venue parler longuement, comme si le fait de dessiner son ombre sur ce monde impliquait d'en faire aussi une histoire. Une vie en tropique, sur une île que d’aucuns imaginent paradisiaque et qu’elle rêvait de quitter. La nuit s’était doucement allongée sur la plage en lieu et place des baigneurs. Nous avions pris le temps de regarder le soleil disparaitre dans l’océan indien avant de nous séparer comme si nous nous connaissions depuis toujours, puis de repartir chacun de notre côté de planète. Je me rappelle quelques heures d’avion plus tard avoir kidnappé les contours d’une femme à une terrasse de café à Paris. Elle téléphonait à un homme qu’elle n’arrivait pas à quitter.

Elle aussi voulait partir ailleurs. Elle aussi racontait qu’elle avait un train à prendre. Ses yeux étaient d’autres possibles qu’il fallait que j’écrive avec les traits de son visage.

Ce sont ces instants qui m’intéressent, ils tendent à démontrer que nous construisons notre légende personnelle à coups de légers arrangements avec la réalité, que l’ailleurs idéal est celui que nous bâtissons, et non celui recherché.

Ce sont ces ailleurs qui ressemblent à mes silhouettes croisées, « laissées pour traces », que je veux partager.

Mars 2015 pour la revue Dissonances en 2015 En 2018 en avant propos de l'ouvrage 0pus dont vous pouvez télécharger les 60 premières pas ici et retrouver de nombreux dessins numériques de la série.


OPUS extrait
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