C’est infernal d’être étranger à soi, à celui qui cherche à récurer sa mémoire pour que rien n’ait plus un air de famille avec ce qui a été, et à chambouler l’échelle des valeurs, déraciner les souvenirs comme on déracine les mauvaises herbes. Jean-François Samlong
Acrilique sur toile 60F - essai.- 2024
La lumière de l’atelier est un peu floue, entre le gris d'une matinée pluvieuse et l’éclairage blafard d’une lampe électrique restée allumée depuis l’aurore. L’esquisse peinte s’évertue à se glisser dans cet univers presque impalpable, comme des galets nuageux sur une plage recouverte d’écume. Un chant d’oiseaux strident, et discontinu, une mésange sans doute, rythme la scène. Il y aura des mots murmurés, échangés par ceux qui passent, et repassent en ombres et évoquent l’histoire à peine terminée d’une série ou d’un roman. Puis la sonnerie d’un téléphone, des chiens au loin crient leur garde.
Les pinceaux trempent dans les pigments noirs et blancs, la silhouette reste seule, comme en arrêt sur image, dans l’imprécision du trait s’oppose celui des sentiments ; la nouvelle d’une visite ou de préparatifs de voyages l’accompagnant.