Sommes nous des Silhouettes menant plusieurs vies en une continuité de changements ?
- le voleur de silhouettes
- 1 avr. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour
L'avenir n'est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire.
Henri Bergson

je n’ai pas le mal du pays, mais le mal du voyage, comme si ma patrie était un mouvement, une éternelle transhumance, j’ai surtout le pressentiment qu’une déconvenue en appelant une autre, la situation va basculer. Les sapins secouent des froissements sonores, craquements et murmures : ils m’accueillent. La journée grise et sombre s’est livrée aux premiers gels, comme des lys blancs frisés couvrants de toutes parts… Je suis d’un peuple de forêts oubliées comme lui. Je suis un souffle, ai-je alors pensé, ma vie ici est un pèlerinage. Je reste à regarder sans bouger. Un état impossible à peindre. Ma voie intérieure me laisse tranquille en ce moment. Elle se serait moquée de moi quand je me compare aux éléments comme un Séminole ou un Pikuni… — Je crois qu’elle nous néglige ! dis-je aux chiens qui courent joyeusement jusqu’à la maison. Un fou bienheureux a planté des eucalyptus derrière la terrasse, ils sont devenus de grands sujets au feuillage bleuté, par moment, avec la pluie, en inspirant profondément, on sent ses poumons s’ouvrir, comme si l’on n’avait jamais respiré. Puis l’instant d’après, l’odeur est oubliée, confondue d’habitude, acclimatée. C’est étonnant.
Plus bas, en marchant dans la pénombre du crépuscule, ce sont les érables collés contre un prunier rouge qui donneront à la soirée une pincée épicée.
Chaque chose, ici, est finalement à sa place. Dans la conception des peuples aborigènes d’Australie, j’ai découvert que chaque événement laisse une trace sur terre. La signification de certains lieux et de certaines formations naturelles est liée à leur origine dans le temps du rêve. Sans bien comprendre la portée de ces conceptions, j’en ai gardé la certitude que les éléments naturels sont impliqués avec les évènements que nous traversons, qu’ils finissent comme des pleins et des déliés d’une écriture à la plume de notre vécu ; une alchimie qui relie ensemble les faits, les êtres et les éléments…
— Tu parles trop ! a murmuré ma voix.
Extrait du retour en Alberta. ( titre provisoire )

Dans une conférence donnée à Madrid le 6 mai 1916, Bergson* aborde un thème qui me trouble “Notre personnalité, […] c’est une continuité de mouvement, une continuité de changement”, observe-t-il. Des cassures menant à ce qu’on a longtemps appelé des dédoublements de personnalités. Henri Bergson, né à paris le 18 octobre 1859, penseur de la vie et de la création, sa philosophie exprime les temps incertains que nous vivons, les désirs de changements qui nous habitent. Pour Bergson le temps est ce qui dure et non ce qui sépare les états successifs, il compare les temps qui relie les choses entre elles à une mélodie que compose un musicien en articulant les notes entre elles. De la même manière, il analyse nos actions losqu’elles cessent de devenir spontanées : les éléments s’accumulent pour former le choix, et donc notre temps à venir. D’une criante actualité Bergson pose l’idée d’une conscience qui émane de notre personnalité entière, qui peut être changeante et qui constitue notre liberté et le futur. Note : La pensée d’Henri Bergson, philosophe vitaliste* du début du XXe siècle, se caractérise notamment par une opposition au positivisme de son époque. L’auteur de Matière et Mémoire développe une philosophie de l’intuition et modifie ainsi le rapport qu’entretiennent les hommes avec le savoir. La conception du temps qu’il formule illustre parfaitement la spécificité de sa théorie de la connaissance. L'idée que notre évolution personnelle crée en nous et avec le temps différentes personalité n'a rien à voir avec un TDI qui lui, est lié à des traumatismes graves qui, à un moment donné, souvent dans l’enfance, ont fait voler en éclats l’unité de la personne. Il s'agit au contraire, d'une unité de personnes dans le temps d'une vie par exemple et non simultanément. *Selon le philosophe André Lalande, le vitalisme est une « doctrine d'après laquelle il existe en chaque être vivant un "principe vital", distinct à la fois de l'âme pensante et des propriétés physico-chimiques du corps, gouvernant les phénomènes de la vie. (source wiki)
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« On a donc raison de dire que ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes ; mais il faut ajouter que nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons, et que nous nous créons continuellement nous-mêmes.»
« Pour un être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, mûrir à se créer indéfiniment soi-même. » Henri Bergson |
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