Journal d'une photo de Marine D
- Laurent Nicolas
- 4 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Parfois, on reste des heures au même endroit, presque sans bouger. Richard Brautigan dit à ce propos : « j’ai même vu le vent s’arrêter dans ma main. »

Le narrateur a reçu par sms une photo. Les clichés sans autre commentaire qu'eux même, ouvrent souvent une brèche dans le temps. Pourtant, cette fois, l’histoire est multiple. La photo a été faite par Marine D, alors qu’elle était à Nice. C’était, au cours d’un déplacement professionnel sur un tournage en avril dernier. Ce fait, bien qu’anecdotique semble d’importance. Est-ce un cliché pris de la fenêtre de son hôtel ? Et tandis que l’on dit cela, on pense à une certaine indolence, une étrange mansuétude ce jour-là. Comme la solitude que l’on ressent en posant son sac, arrivant dans une chambre impersonnelle, et que l’on se dirige machinalement jusqu’à la fenêtre portant le regard ainsi. L’impression générale est celle d’un long plan séquence de sa vie, de ce moment, de son voyage, où l’immobilité confère des impressions de joie, de doutes ou d'étonnements qui n’ont pas eu le temps de s’inventer un passé.
C’est une scène, telle que l’aurait filmé Jim Jarmusch - le narrateur fait volontairement référence à un réalisateur de cinéma pour l'occasion - une simple rue, pratiquement en noir et blanc, et des vies qui se croisent dans le silence du port.
Puis, il faudrait s’attacher au regard de la photographe en cet instant.
Etait-elle seulement immobile à regarder ? Parfois, on reste des heures au même endroit, presque sans bouger. Richard Brautigan dit à ce propos : « j’ai même vu le vent s’arrêter dans ma main. » Puis vient le moment de partir et l'on suspent le temps en prenant une photo. Alors seulement, il est temps de procéder par le dessin, à l’agrandissement poussé à l'extrême d’un détail, afin de raconter ce que la photo ne parvient jamais à dire.


Dans l'atelier : En cours de travail , les deux autres études .