L'Homme sans tête
- le voleur de silhouettes
- 28 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 nov.
« On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter. »
Emmanuel Kant
Déléguer nos fonctions cérébrales à une machine avec l'IA revient-il à inventer l’homme sans tête ? La philosophe Anne Alombert alerte et explique les limites de l'évolution, posant ainsi le périmètre de la mutations des savoirs.
« Dans toutes les sociétés, la question de savoir qui comprend, qui possède et qui contrôle les technologies de l'esprit a des enjeux éminemment politiques… elles risquent toujours de devenir des technologies persuasives : en tant que conditions matérielles de la pensée, elles peuvent aussi se transformer en instruments de domination et de manipulation. »
Anne Alombert
Entrer dans l'ère de L'IA et l'artificialisation de la pensée est une évolution passionnante, autant que le furent, l'émergence du téléphone portable et de l’informatique. Il s’agit de définir, comme à chaque fois, si la technologie que l’on nous propose « constitue un support permettant d’augmenter l’intelligence collective grâce au partage des savoirs » ou si, au contraire, « il s’agit d’un robot censé simuler une supposée intelligence individuelle au moyen de performances computationnelles » au service d’un ordre économique.
La machine agit en proposant de s’abstenir de penser et au lieu d’apprendre à produire des textes, des images et des sons, se contenter désormais d’en passer commande à un service numérique.
" Nous n'avons pas affaire à des inteligences artificielles, mais à des automates computationnels. A travers eux, ce ne sont plus seulement les savoir-faire des artisans, mais les savoir-penser des citoyens qui sont menacés. "
La lecture des chroniques est évidement assurée par une voie artificielle.
De l’intelligence en philosophie. : On distingue en général l’intelligence théorique et l’intelligence pratique. Les stoïciens envisagent sur ce point l’idée que l’intelligence permet de poser (et formuler) des questions métaphysiques. Henri Bergson, l’opposant à l’intuition rejoint Aristote en ce que toute intelligence est opinion et imagination, qu’elle se distingue à la loi de la sensation et de la pensée, bien qu’elle ne puisse exister sans la sensation, et que, sans elle, il n’y ait pas non plus d’opinion. Aristote enseigne dans les Seconds Analytiques qu’il y a deux manières d’acquérir la science, la démonstration et l’induction, lesquelles diffèrent l’une de l’autre en ce que la première procède de l’universel, tandis que la seconde procède des choses particulières. Mais comme la connaissance de l’universel ne peut s’obtenir que par l’induction, il s’ensuit qu’il est impossible d’acquérir la science des choses dont on n’a pas la sensation. |
A lire : Essai Anne Alombert : La bêtise artificielle
 | “ Nous déléguons déjà à l'IA nos capacités expressives, linguistiques et symboliques” Et si l'intelligence artificielle n'avait d'intelligence que le nom ? " |
 | " Un étudiant utilisant ChatGPT pour écrire ses devoirs est l'équivalent d'un footballeur qui demanderait à un robot d'aller s'entraîner à sa place. " Anne Alombert |
The Velvet Sundown
S’engouffrant dans la marmite artificielle, quelques petits malins, maniants les algorithmes mieux que les guitares ont réussi à échantillonner des tubes musicaux et aspirer plus d’un million d’auditeurs mensuels sur Spotify. Ce plan leur permettant d’empocher des millions de dollars de royalties, démontrant aussi au passage, l’imbécillité d’un système (des plateformes) qui récompense le titre le plus écouté au détriment du talent.
Impatients, d’un Goncourt en copié-collé, d’un césar du meilleur acteur virtuel, le public se laisse prendre par ce fake-groupe, déjà enclin à accepter n’importe quel mensonge pour peu qu’il soit bien présenté : Écoutez donc un talent virtuel !
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