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le voleur de silhouettes

Les cavaliers électriques

Cette grande nouvelle de 60 pages s'inscrit dans la série du "voleur de silhouettes". Ce court récit, pensé comme une promenade dans le sud des Etats Unis, devrait fonctionner comme un polar et pourtant rien ne se passe comme prévu au son de Willie Nelson : l'acrasie*en décide autrement.


Extrait : J’avais dû m’endormir. Je ne savais même pas où j’étais allé. Je m’étais perdu dans mes pensées. Avais-je marché au soleil ?Un cavalier s’est approché. Son cheval semblait fourbu. C’était sans doute le fantôme de Rising Star, le pur-sang du film de Sydney Pollack. L’animal était superbe, mais il boitait un peu. Et Robert Redford s'est penché en me regardant dormir.

– Tu crois que tu es un cow-boy ? a-t-il murmuré. – Vous m’entendez ? Vous allez bien ?Il y avait une fille dans mon rêve mais elle ne ressemblait pas à une actrice. Elle portait un blouson en jean et me secouait. – Êtes-vous Hallie Martin ? – De qui parlez-vous ? Non, je m’appelle Alice, vous avez l’air mal en point. Que faites-vous là ? Cette fille ne ressemblait ni à un personnage du film ni à celui d’un rêve. C’était donc la preuve que j’étais éveillé.Aurais-je marché en dormant ? J’étais sur le perron d’une maison à l’herbe fraîchement coupée. Un de ces nouveaux quartiers de lotissements pour la middle-class aisée de La Nouvelle-Orléans.

– Je vous trouve très jolie ! ai-je marmonné en lui souriant. La fille était penchée sur moi et semblait plutôt étonnée du compliment. Ses mèches auburn brûlaient dans le soleil. Elle m’a aidé à me relever et m’a entraîné sur un fauteuil à l’ombre. – Ainsi donc vous êtes Français ! répondit-elle dans ma langue avec un accent cajun adorable. – Comment avez-vous deviné ?

– Vous avez une carte d’embarquement dans votre veste.

– Nous ne connaissons que depuis quelques minutes et vous me faites déjà les poches ? – Vous étiez évanouis sur ma terrasse, ça me donne quelques droits Buvez un peu d’eau, vous en avez besoin .– Ça fait bien longtemps que je n’en ai pas goûtée .– Ça ne m’étonne pas trop.Et voilà, nous sommes restés comme ça un long moment à nous regarder du coin de l’œil. Le temps d’expliquer que j'avais perdu mon chauffeur et qu’il me fallait rejoindre le centre ville. Elle souriait sans cesse avec l’air amusé d’une petite fille qui trouve des œufs de Pâques dans son jardin. – Je vous ai prise pour un vagabond. – Je ne suis qu’un voyageur. – Je crois que je vais vous déposer à votre hôtel, votre ami doit vous y attendre. Mais ça ne m’explique pas comment vous avez atterri ici. Je ne trouvais rien a répondre, j’étais certain que l’herbe d’Evan Duril y était pour quelque chose.

– J’aimerais que nous restions ici sur cette terrasse quelques heures, à parler de tout et de rien en nous regardant dans les yeux, ai-je pensé. – Bon alors, vous venez ? Je vous dépose.Sa remarque n’appelait pas de refus, ni de circonvolution de courtoisie. Je me suis installé dans son 4x4 et me suis laissé envahir par l’air frais de la climatisation. – Qui est cette Hallie Martin ? Lorsque vous êtes revenu à vous, vous l’appeliez. Est-ce une amie à vous ? – C’est juste un personnage de film. – Je lui ressemble ? – En quelque sorte oui. Il me faut à tout prix vous inviter à boire un verre pour vous remercier. Que je vous explique tout.




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