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Des silhouettes
dans l'atelier

À propos de l'auteur.

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le blog note de Laurent Nicolas  site le voleur de silhouettes

Quelques toiles de Laurent Nicolas soulignées d'un court récit. 
Ces paragraphes constituent le journal de bord d'un voleur de silhouette. 

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nuits off laurent nicolas
le voleur de silhouettes laurent nicolas

Retrouvez ici les ouvrages de Laurent Nicolas publiés sous forme de Nouvelles et de courts récits. 
Lisez de larges extraits en téléchargement gratuit.  

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Des silhouettes dans l'art

Créateurs et artistes ont abordés les silhouettes dans leurs oeuvres : visite sous influences de cet univers.

BLOG
  • Laurent Nicolas
  • 6 juin 2019
  • 2 min de lecture

" Chacun de nous a son passé renfermé en lui, comme les pages d'un vieux livre qu'il connaît par cœur, mais dont ses amis pourront seulement lire le titre. " Virginia Woolf


Etude pesonelle acrylique sur toile 80 X 80 cm


Elle s’était assise à l’ombre d’un perron de bois face aux quais. Elle avait allumé une cigarette puis elle regarda cet homme debout en contre-jour.

C’est ce genre de petite cité oubliée au bout d’une route, où l’on échoue, car le bitume s’arrête face à la mer. Plus par disgrâce que par choix.


Elle le regardait du coin de l’œil en souriant. Il ne semblait pas triste et gris comme les gars qui bossent à la conserverie, avait-elle sans doute pensé.

- Vous n’êtes pas d’ici ? avait-elle fini par demander de loin.

Il fit non de la tête.

Il flottait dans l’air une odeur de marais mêlée à celle du gazole des bateaux. Un étrange vent chaud poussait les rares arbres à courber la tête vers le Nord, comme des pénitents rentrant d’une procession, à la manière d’une toile de Goya.

C’était ce genre d’ancienne ville de pécheurs perdu où l’on vient se cacher. Il y en a des tas, de l’autre côté de la frontière du Texas ou du Mississippi. Des bourgades ravagées par plusieurs cyclones et lasses de se reconstruire, couvertes de blessures, peintes en bleu et boue, dont les routes restent barrées en jaune : le genre d’endroit où le passé ne te rattrape plus, car ici tout semble disparaître dans le marais.


Lui se rendit compte soudain qu’a son tour, il la regardait depuis un moment de manière insistante, dessinant dans sa tête la silhouette en contre-jour avec le vent et les cheveux attachés qui tentaient des filaments dorés au soleil. Sans doute était-ce son regard appuyé qui avait attiré son attention ?  Il s’en trouva gêné et s’en excusa.

Elle parlait français, presque sans accent, elle l’avait appris à l’école. Elle avait lu les auteurs francophones et vu les films de François Truffaut. Sa voie était assurée, celle d’une femme d’âge mûr qui fume une cigarette sur le perron d’un bar.

Des pélicans paresseux et narquois attendaient le retour des bateaux de pêche.

Elle ne parlait plus. Lui se demanda si elle n’avait pas épuisé tous les mots de français qu’elle connaissait. Puis il comprit qu’il faut souvent se garder de trop parler en certaines contrées.

Il avait deviné juste, elle avait dû fuir Beaumont et de mauvaises rencontres autant qu’une enfance turbulente entre Baton Rouge et Oakdale. Comme bien des femmes ici, elle avait eu un enfant bien trop tôt, d’un pécheur engagé dans une guerre de l’empire, qu’il perdit en quelques jours pour ne jamais revenir l’épouser. Ouvrir un bar, location car & boat, en ce bout du monde n’était finalement que la recette idéale pour disparaître petit à petit dans la multitude des silhouettes d'un port aux lumières chancelantes et vacillantes...

  • Laurent Nicolas
  • 2 mai 2019
  • 2 min de lecture

" Notre élément, c'est l'éternelle immaturité. Ce que nous pensons ou sentons aujourd'hui sera fatalement une sottise pour nos arrière-petits-enfants. Mieux vaudrait donc accepter dans tout cela dès maintenant la part de sottise que révélera l'avenir. Et cette force qui vous contraint à vous définir trop tôt n'est pas, comme vous le pensez, d'origine entièrement humaine. Nous nous rendrons compte bientôt que le plus important n'est plus de mourir pour des idées, des styles, des thèses, des slogans, des croyances, ni de s'enfermer en eux et de se bloquer, mais bien de reculer un peu et de prendre ses distances avec tout ce qui nous arrive." Witold Gombrowicz- Ferdydurke


Toile inachevée - Acrylique sur toile 97 x 130 cm - 2014 / ...  Recherche dans le cadre de la Série : Une époque sombre



Écouter le texte.


À Winnipeg il s’arrête déjeuner au Tavern United Fort Garry.. Il pleut comme souvent, il y a une fille qui écoute très fort, dans ses oreillettes Carrie Underwood, tout en rêvant, deux gars discutent d’une nouvelle option dans leur vie, des types ayant l’air de bosser sur un chantier de construction du quartier sont face à face en silence et tapotent sur leur téléphone. Une vielle Cadillac roule aux ralentis sur Pembina, comme dans un film, des enfants tirent un gros chariot vers un Pick-Up blanc, un gars fait du jogging le long de la piste cyclable de Stadium Route, un groupe se retrouve devant le Mennonite Central Committee, à côté d’un panneau routier renversé.


Il marche avec la chienne le long de la Rivière Rouge. Il se dit que la meilleure façon de comprendre ceux qui ne parlent pas sa langue est de les observer, mais parfois il lui semble que la banalité s’est imprimée de manière universelle, comme le gris des façades de leurs résidences ici pourrait être ailleurs, des vécus interchangeables. Il préfère immédiatement chasser cette pensée d’une tristesse affligeante de sa mémoire. Mais est-ce possible ? Extrait de Journal en Alberta



  • Laurent Nicolas
  • 12 juin 2018
  • 2 min de lecture


Les gens veulent l'amour conjugal parce qu'il leur apporte un bien être, une certaine paix... La passion amoureuse, elle, est liée au surgissement. Elle brouille l'ordre, elle surprend.

Il y a une troisième catégorie. Moins connue que j'appellerai... La rencontre inévitable. Elle atteint une extrême intensité et aurait pu ne pas avoir lieu. Dans la plupart des vies elle n'a pas lieu. On ne la recherche pas, elle ne surgit pas non plus. Elle apparaît... La rencontre inévitable est imprévisible, incongrue, elle ne s'intègre pas à une vie raisonnable. Mais, elle est d'une nature tellement autre, qu'elle ne perturbe pas l'ordre social puisqu'elle y échappe. Christine Angot


Etude personelle sur toile lin brut 80 X 80cm (détail).

Elle pensait que le crépuscule en mourant emportait tout sur son passage, les perspectives, les formes et la lumière. Un festin d’insectes fous attaque la moindre lampe en quelques instants, c’est la venue sans surprise des ombres longues, étirées et fuyantes vers des logis éclairés.

A cette époque, il y avait un Perroquet au Boucan Beach, un voyageur l’avait laissé là, comme on laisserai ses souvenirs, la mémoire d’une valise qu’on ne parvient pas à fermer. L’oiseau bavardait avec les clients, mais mordait aussi parfois, comme le temps qui passe ; aux belles heures du grand Hotel des Mascareignes. C'était avant-guerre, lui semblait-il. Elle y avait connu un voyageur qui revint plusieurs années de suite. Elle avait gardé sécrète cette virgule qui la remplissait de joie.

Sa vie s'était écoulée avec ce souvenir, le crépuscule ne laisse aucune chance aux couleurs, il les éteint : une à une, préférant sans doute quelques touches audacieuses dans le jeu du clair obscur. Les myopes ratent des marches, les astigmates s’accrochent aux rampes des escaliers et nous fuyons, incapables de voir la ligne d’horizon où se joue l'incendie d'un coucher de soleil.

J'ai remarqué souvent cette vielle femme qui s’installait calmement chaque soir en haut du vallon escarpé au-dessus de la baie, elle restait là, regardant passer au large de rares étoiles filantes telles des navires sombrants dans l‘océan.

Ancre 1
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