Une série de silhouettes peintes d'aprés des observations à la terrasse d’un café d'une station balnéaire en fin de saison 2024.
Quelques toiles de Laurent Nicolas soulignées d'un court récit.
Ces paragraphes constituent le journal de bord d'un voleur de silhouette.
Retrouvez ici les ouvrages de Laurent Nicolas publiés sous forme de Nouvelles et de courts récits.
Lisez de larges extraits en téléchargement gratuit.
C’est infernal d’être étranger à soi, à celui qui cherche à récurer sa mémoire pour que rien n’ait plus un air de famille avec ce qui a été, et à chambouler l’échelle des valeurs, déraciner les souvenirs comme on déracine les mauvaises herbes. Jean-François Samlong
Acrilique sur toile 60F ( 93 x 130 ) - inachevé.- 2024
La lumière de l’atelier est un peu floue, entre le gris d'une matinée pluvieuse et l’éclairage blafard d’une lampe électrique restée allumée depuis l’aurore. L’esquisse peinte s’évertue à se glisser dans cet univers presque impalpable, comme des galets nuageux sur une plage recouverte d’écume. Un chant d’oiseaux strident, et discontinu, une mésange sans doute, rythme la scène. Il y aura des mots murmurés, échangés par ceux qui passent, et repassent en ombres et évoquent l’histoire à peine terminée d’une série ou d’un roman. Puis la sonnerie d’un téléphone, des chiens au loin crient leur garde.
Les pinceaux trempent dans les pigments noirs et blancs, la silhouette reste seule, comme en arrêt sur image, dans l’imprécision du trait s’oppose celui des sentiments ; la nouvelle d’une visite ou de préparatifs de voyages l’accompagnant.
" A vrai dire, comment se souvenir du temps où l'on n'existait pas ? Il nous semble que nous vivons depuis la création. C'est ce qui fait qu'il nous est si dur de mourir avant que le monde ne disparaisse."
Herman Melville
L'arbre - Acrylique sur toile 80 X 80
Revenir aprés des mois d'absences, retrouver Paris et ses artères qui se colmatent aux heures de pointes. Des embolies citadines qui font l’odieuse et belliqueuse géographie urbaine. En s’engouffrant dans la bouche du métro : participer d’un charnier enchevêtré de passager dans un transport collectif à l’agonie, étouffer et penser à Moby-Dick* . que faire ? Remonter en apnée à la surface ? Sortir du ventre de la baleine pour retrouver l'air pur ? Mais là, en lieu et place de l'oxygène tant attendu : l'éther.. Tout être censé aurait dû prendre la fuite et cesser ce combat perdu d'avance.
* Mais qui s’intéresse au fait que le personnage de Moby-Dick : le capitaine Achab se décompose physiquement, consumé par le désir de vengeance ? On ne se souvient que du combat, l’échec ou la victoire.
On raconte que Herman Melleville fut obsédé par un de ces derniers poèmes, le reprenant plusieurs fois, pour en définitive le développer et en faire une nouvelle, puis un roman. Avec des périodes d'interruption, il y consacra plusieurs années, n'arrêtant d'y travailler qu'en avril 1891 quelques mois avant sa mort.